dimanche 15 février 2009

Petites filles en uniforme,

Nous sommes allées faire une balade en ville avec les enfants, pour acheter en particulier du thé dans un lieu sophistiqué où l’on vend des thés de toutes couleurs, de tous parfums et de toutes origines. En sus des conseils de préparation, et d’un sachet raffiné pour porter notre achat,nous avons eu droit à de belles brochures documentaires en papier glacé sur les thés du monde…de Chine en particulier…

-- C’est quoi Mamou ces petites filles ? Elles font quoi ?
-- Elles sont dans une école spécialisée, elles portent un uniforme…
-- C’est quoi un uniforme ???
-- Eh ! bien, elles portent des vêtements uniformes, les mêmes quoi, même veste, même jupe, mêmes chaussettes et souliers, même chemisier, une même cravate …
-- Et pourquoi elles font ça ?
--C’est parce qu’on veut qu’elles montrent ainsi qu’elles appartiennent à la même école, d’où qu’elles viennent comme famille,
-- Ca existe en vrai, des uniformes ?
-- Oui, par exemple, les joueurs de l équipe de France, ou les athlètes de jeux olympiques
--Oui mais pas à l’école ?


Alors je leur raconte :
Quand j’allais au collège, en 6ème , j’avais une grande amie formidable, Eliane, je la trouvais belle et grande, et qu’elle vivait et racontait des choses extraordinaires ou tragiques, que sa maman était morte, que son papa vivait en Algérie , qu’elle le voyait rarement , qu’elle habitait chez sa Mémé . Cette grand-mère habitait à M…, à 30 km de Dax, alors elle était « pensionnaire ». Elle ne rentrait chez elles que tous les mois, c’est pourquoi pour sortir en ville, il fallait qu’elle ait des correspondants, et ces correspondants, j’en étais bien fière, c’étaient nous…
Tous les dimanches, à 11heures, nous allions , Mérotte et moi, la chercher en voiture, ou à pieds au collège « de jeunes filles »…Ce collège ressemblait à un couvent avec une cour intérieure bordée d’une galerie et de grands couloirs dallés qui sentaient l’encaustique. On signait dans un grand registre, et puis Eliane arrivait dans son « uniforme » bleu marine , un chemisier blanc, une jupe plissée, de longues chaussettes blanches et …ce qu’elle détestait plus encore que tout l’uniforme réuni, un béret , avec un petit insigne du collège cousu dessus…
--- c’est quoi Mamou, un béret ???
--- c’est une sorte de chapeau, non , de bonnet, en feutre, les hommes en portaient chez nous dans les Landes ou au Pays Basque .Il y en de rouges pour les fêtes, je vous en achèterai…
Eliane , ma copine, détestait se voir ainsi habillée (elle qui était si peu « uniforme »…) mais moi je la trouvais quand même très chic, avec ce petit béret insolent sur elle …

On grimpait dans l’auto que ma mère conduisait avec d’infinies précautions, (elle ne conduisait pas très bien, les femmes de son temps n’étaient pas habituées à conduire…) et sitôt dans la voiture, Eliane enlevait rageusement le fameux béret et libérait la masse de ses cheveux qu’elle avait épais, bouclés, d’un noir profond…

La journée passait en causeries et flâneries quand le temps le permettait, dans une ville que les dimanches d’hiver rendait maussade..., triste quoi. ..

Et 5 heures arrivait trop vite .On s’engouffrait dans le grand couloir sombre à l’odeur d’encaustique, on signait , on s’embrassait, et je regardais , le cœur serré, la fine silhouette en jupe marine disparaître au bout de la galerie. Avant de tourner le coin, elle se retournait un bref instant, avec un petit sourire courageux, pour me faire un petit signe.
La vie me semblait alors trop vide et je me serais contre ma Mérotte…






Les petites ont disparu sans rien dire, cette histoire d’uniforme elles n’en ont rien à … ???
Mais, après une assez longue absence peuplé de rires chuchotés…





Les revoilà mes petites filles « en uniforme » !!!














Et toute la soirée nous avons joué « au pensionnat »

















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